La bijouterie de « fantaisie »
possède de nos jours, une connotation parfois négative,
représentative de bijoux faits de manière industrielle, à la
chaîne, parfois de piètre qualité ou vulgaire. Mais le bijou de
fantaisie n'est pas un terme aussi récent que ça, contrairement à
ce que l'on peut penser parfois.
La bijouterie de « fantaisie »
ou « d'imitation » s'imposa dès le XIIIème siècle en
France.
Concurrençant les orfèvres, des
communautés créaient des bijoux « faux »...
Les orfèvres, eux, travaillent l'or
(orfèvrerie du latin« auri » et « faber » ce qui
signifie artisan de l'or) et ils représentent l'élite de
l'artisanat, travaillant sur des pièces luxueuses allant de la
grande orfèvrerie mobilière à la joaillerie. Les règles sont
strictes sur la fabrication et la qualité de l'or, ainsi en 1275,
chaque communauté d'orfèvre doit poinçonner ses pièces (on
retrouve ça encore aujourd'hui, on peut reconnaître l'or de cette
manière.)
Les artisans du faux étaient appelés
généralement les patenôtriers car à la base, c'était ceux qui
fabriquaient les chapelets et qui utilisaient divers matériaux pour
les décorations. Avec le temps et face à la demande en « faux »,
les patenôtriers se sont diversifiés dans de nombreux domaines
différents : le travail de l'os/corne, travail du corail et
coquilles, le travail de l'ambre, du jais et diverses pierres
semi-précieuses, les fabricants de boutons, de boucles, les
patenôtriers boutonniers d'émail (statut datant de 1566)... Chaque
communauté étant spécialisée dans un de ces domaines, et elles
étaient très nombreuses.
En 1684 Jacquin découvrit une manière
d'imiter les vrais perles avec du verre et de l'écaille d'ablette,
avec un résultat parfait : La fausse perle était née, et
elle est encore utilisée dans la haute couture (les fameuses perles
Chanel) grâce à la maison Gripoix qui en garde le secret.
Pour ce qui est du verre, les pierriers
de verre ou voirriers (voirriniers), travaillaient le verre de
manière à imiter les pierres précieuses utilisées dans la
joaillerie, afin de permettre aux gens plus modestes, de pouvoir
porter des bijoux somptueux. La fabrication de pierres fausses
s'accentua au XVIIe avec la découverte de la teinte des cristaux.
Puis au XVIIIème siècle, Georges
Frédéric Strass, joaillier du roi de France, inventa le Strass :
il colora du cristal de plomb avec des oxydes métalliques, ainsi il
inventa ce petit élément que tout le monde connaît aujourd'hui.
Les artisans du faux utilisent des
alliages de cuivre, de plomb et d'étain afin d'imiter l'or : on
les appelle le similor, le chrysocale, le tombac, le pinchbeck
(XVIIIe)
Avec l'ampleur de la fabrication
d'imitation, en 1723, verriers, émailleurs, fabricants de corail
sont regroupés en une seule communauté.
Au XIXème siècle : Daniel
Swarovski, créa son usine en 1895 dans le Tyrol autrichien,
permettant ainsi d'étendre sa production de cristal industriel
taillé sur machine, il est remarqué par Charles Frederick Worth,
pionnier de la haute couture. Aujourd'hui, on est à la 5ème
génération Swarovski qui garde secret cette fabrication et ils sont les plus
reconnus dans la fabrication de cristaux de grande qualité.
Les couturiers ont permis à la
bijouterie d'imitation d'être reconnue et de se détacher de sa
connotation vulgaire. De nombreuses maisons de bijoux fantaisies
travaillent pour des maisons de haute couture afin d'embellir et
sublimer hommes ou femmes sans avoir à passer par la joaillerie
réservée aux plus riches.
L'art nouveau également a contribué
à mettre en avant la bijouterie d'imitation en imposant l'émail
et les pierres semi-précieuses, je citerais René Lalique car c'est
un des artistes que j'admire le plus et chacune de ses créations est
un vrai poème.
La bijouterie de fantaisie est à
nouveau aujourd'hui considérée comme vulgaire, mais il faut savoir
faire la différence entre le vulgaire « vite fait » de
fabrication industrielle et la bijouterie fantaisie réfléchie,
originale et avec des éléments innovants derrière laquelle se
trouve de véritables artisans.
Bibliographie : Les Métiers de l'Elegance de J.B Naudin et Marceau Simon. Edition Chene.
Le livre des métiers d'Étienne Boileau.
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